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Michel Gurfinkiel.
L’Iran a fourni à l’organisation djihadiste chiite Hezbollah, qui contrôle le sud du Liban, des roquettes Zelzal-1 et Zelzal-2 d’une portée de 150 à 200 kilomètres. Selon les experts, ces engins (8,3 mètres de long, 3,5 tonnes, carburant solide) peuvent atteindre toutes les grandes villes israéliennes, à l’exception d’Eilat, sur la mer Rouge. " Ce sont des roquettes d’un type ancien, sans système de guidage ", note Zeev Schiff dans le journal Haaretz. " Leur capacité de destruction est pourtant considérable, surtout dans un pays densément urbanisé comme Israël ".
Le Hezbollah va-t-il utiliser ces roquettes ? Difficile d’écarter cette hypothèse : il procède déjà à des bombardements à portée plus courte, avec des roquettes Katyusha russes fournies par la Syrie, d’une vingtaine de kilomètres de portée. Le cas échéant, il peut procéder à une escalade en règle, avec d’autres engins de portée intermédiaire : le Fajr-3 (45 kilomètres) et le Fajr-5 (75 kilomètres). Parallèlement, les organisations sunnites Hamas et Djihad islamique lancent des roquettes artisanales de type Kassam, d’une vingtaine de kilomètres de portée, à partir de la bande de Gaza. Le cauchemar israélien : une double attaque combinant Fajr et Kassam contre les deux centres d’industrie lourde du pays, Haifa au nord, Ashdod au sud.
Bien entendu, l’Etat juif a les moyens militaires de riposter. La semaine dernière, après de tirs de Katyushas contre la Galilée, Tsahal a procédé à plusieurs bombardements aériens contre les bases du Hezbollah. Mais à terme, les représailles ne servent à rien : il faudrait engager une guerre totale, conduisant à l’éradication complète des organisations djihadistes. Avec des conséquences politiques imprévisibles. Ariel Sharon savait se lancer dans de telles opérations. Ses héritiers politiques, le premier ministre Ehud Olmert, les ministres Amir Peretz (Défense), Matan Vilnaï (Défense également), Shaul Mofaz (Prospective stratégiques), Tsipi Livni (Affaires étrangères), ont-ils les mêmes dons ?
Olmert et Livni ont en tout cas marqué des points sur le plan diplomatique. Le premier aux Etats-Unis, où il vient d’effectuer sa première visite officielle : tant la Maison Blanche que le Congrès lui ont apporté leur soutien dans sa politique de " séparation " avec les Palestiniens ; et il est question d’une association étroite d’Israël avec l’Otan (la Marine israélienne va participer à des manœuvres de l’alliance en mer Noire).
Quant à Livni, elle s’est rendue en Turquie, où son homologue Abdullah Gül a déclaré pour la première fois que son pays était " préoccupé " par les ambitions nucléaires de l’Iran. Ankara, qui vient d’installer un réacteur à Sinop, n’exclut pas d’acquérir également un potentiel nucléaire stratégique, si Téhéran se dotait réellement de la bombe.