Michel Gurfinkiel

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Iran/ Le badge de la honte

Le parlement  iranien s’apprête à voter une loi imposant le port d’un " badge de couleur " aux non-musulmans : jaune pour les juifs, rouge pour les chrétiens, bleu pour les zoroastriens…Info, intox ou nouvelle provocation du régime ? Le 19 mai, l’un des principaux journaux anglophones du Canada,  le Canadian National Post, annonce que le parlement  iranien s’apprête à voter une loi imposant le port d’un " badge de couleur " aux non-musulmans : jaune pour les juifs, rouge pour les chrétiens, bleu pour les zoroastriens. L’affaire fait grand bruit : le jour même, le premier ministre canadien,  Stephen Harper, exprime son " inquiétude " : " Ce que nous savons du régime iranien nous amène à penser qu’il est en effet capable de prendre de telles mesures ". Mêmes réactions de la part du premier ministre australien, John Howard, et de nombreuses ONG spécialisées dans la défense des droits de l’homme.

Téhéran rejette l’information. Catégoriquement.  La mission iranienne à l’Onu affirme que les non-musulmans " jouissent d’une égalité complète ". Maurice Motammed, le représentant officiel de la communauté juive (25 000 âmes), déclare à l’AFP que " la prétendue affaire des badges de couleur " est une " pure affabulation à caractère politique ".

Ces démentis ne rassurent qu’à moitié. L’ " égalité " se réduit en effet, pour les non-musulmans iraniens, à la liberté de culte et à l’envoi de trois députés, un pour chaque communauté, au parlement. Sur tous les autres plans, ils sont traités en citoyens de seconde zone. Quant au projet de loi, il a bel et bien été déposé voici deux ans, par un député de la tendance islamiste " dure ", Imad a-Faruj. Ce dernier affirme aujourd’hui que le texte n’a jamais revêtu  qu’un " caractère exploratoire " : " Le parlement était invité à examiner les mesures qui pouvaient protéger la communauté musulmane – et tout particulièrement les femmes – contre les agissement de certains non- musulmans… Ce qui ne signifiait pas que toutes devaient être retenues ou appliquées ".

Le président Mahmoud Ahmadinejad a-t-il demandé une accélération de la lecture et de la ratification du projet de loi ?  C’est possible. D’autant plus que la pratique du signe distinctif ou du vêtement distinctif est conforme à la loi religieuse, qui constitue en Iran la " source "  de la législation publique. Dès le IXe siècle (IIIe siècle de l’ère islamique), le juge Ahmed ben Talib impose aux chrétiens et aux juifs une pièce d’étoffe blanche portant respectivement un porc ou un singe. En Iran, ce signe d’infamie est rétabli au début du XVIe siècle par Shah Abbas, le fondateur de l’Empire séfévide. Il sera imposé aux juifs jusqu’en 1920.
 
La tentation d’un retour aux pratiques discriminatoires contre les " protégés " chrétiens et juifs semble très forte à l’heure actuelle chez les islamistes, tant chiites que sunnites. Le Hamas palestinien a envisagé de soumettre la minorité chrétienne de Cisjordanie à l’impôt spécial traditionnel, la jiziya. En Afghanistan, en dépit de la présence des Américains et de l’Otan, un tribunal a condamné à mort un musulman qui s’était converti au christianisme. En Turquie, pays officiellement laïque, le gouvernement  combat les activités des prêtres et pasteurs chrétiens.

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