Le rapprochement israélo-arabe est une chance géopolitique dans le contexte d’une nouvelle guerre froide.
Un webinaire du Centre européen du Judaïsme avec FRANCESCO SISCI.
Le 8 décembre 2020, le Centre européen du Judaïsme (CEJ) a organisé, en liaison avec le Service national des Relations avec le Judaïsme (SNRJ) de la Conférence des Evêques de France, un webinaire sur les « Accords d’Abraham » avec un invité d’honneur : le journaliste et expert géopolitique italien Francesco Sisci, ancien Rédacteur en Chef Asie de La Stampa et éditorialiste à Asia Times. Tenu pour un des meilleurs connaisseurs actuels de la Chine et de l’Extrême-Orient, proche du pape François (qu’il a interviewé en 2016 pour les médias chinois), Sisci suit également depuis longtemps les affaires du Moyen-Orient.
Le webinaire a été ouvert par Joël Mergui, le président du Consistoire centrale israélite de France et du Consistoire israélite de Paris, qui s’est félicité de ce premier événement judéo-chrétien au sein du CEJ, et par le père Christophe Le Sourt, directeur du SNRJ. Tout au long du webinaire, Francesco Sisci s’est exprimé en anglais : la journaliste franco-britannique Anne-Elisabeth Moutet, éditorialiste au Sunday Telegraph, assurait avec éclat une traduction instantanée en français. Le débat avec l’auditoire a été animé par l’historien Michel Gurfinkiel, président de la Commission consistoriale pour le Dialogue interreligieux, et par Pascal-Emmanuel Gobry, Fellow de l’Ethics and Public Policy Center.
Parmi les points principaux évoqués par Francesco Sisci :
- Le Moyen-Orient figure au premier plan des préoccupations du pape François, qu’il s’agisse des vicissitudes que rencontrent les chrétiens d’Orient, de la nécessité d’un dialogue avec l’Islam ou des perspectives de paix et de reconstruction dans la région.
- Il y a une convergence objective entre le souci du pape François et le rapprochement actuel entre Israël et un nombre croissant de pays arabes. D’autant plus que ce rapprochement a été placé sous l’invocation d’Abraham, père commun des trois monothéismes.
- Les pays arabes qui ont signé les accords d’Abraham ou qui les soutiennent considèrent désormais Israël comme un membre à part entière de la communauté moyen-orientale et comme partenaire légitime et naturel, aussi bien en matière de développement économique, technologique ou culturel que pour les questions de sécurité et de défense. La « question palestinienne » n’est plus, à leurs yeux, une « cause arabe et musulmane sacrée » primant toute autre considération, mais un problème politique et humain parmi d’autres.
- La montée en puissance de la Chine conduit à des réalignements géopolitiques dans toutes les régions du monde, y compris une « nouvelle guerre froide » entre la Chine d’une part, les Etats-Unis et l’Europe d’autre part. Cet environnement, qui peut se combiner avec les projets néo-impériaux de la Russie, de l’Iran et de la Turquie, est particulièrement dangereux pour Israël et les pays arabes, tout comme l’a été, de 1945 à 1989, celui de la guerre froide Est-Ouest. Leur intérêt est aujourd’hui de coopérer en vue de se protéger au maximum contre les rivalités et les manipulations des Très Grandes Puissances.
- L’intérêt des Palestiniens est de s’associer au rapprochement israélo-arabe. Plus leurs dirigeants se tiennent à l’écart de ce processus, plus leur cause sera ignorée. Plus ils s’intégreront à ce processus, plus ils y joueront un rôle important.
- L’intérêt des Européens est de soutenir la consolidation de la paix et de la coopération entre Israël et les pays arabes, telle qu’elle est esquissée à travers les accords d’Abraham : et par voie de conséquence la consolidation de la paix dans l’ensemble de la région. A terme, la « paix des religions » devrait contribuer à l’apaisement des tensions communautaires au sein même des pays européens.