Mossa Ag Attaher, le porte parole du MNLA, répond aux questions de Valeurs Actuelles.
Les islamistes sont-ils en train de voler votre victoire ?
C’est ce qu’ils voudraient. Mais ils n’y parviendront pas. Le MNLA contrôle le territoires, les agglomérations, les axes de communication. Il agira contre tous les débordements.
Quels sont vos objectifs à terme ?
Le 6 avril, nous avons proclamé l’indépendance de l’Azawad, au profit de ses habitants traditionnels : les Touaregs, bien sûr, mais aussi les Songhoïs, les Peuls, les Maures… Toutes les ethnies enracinées dans le pays sont représentées dans les instances actuelles de notre mouvement : le Bureau politique et l’état-major. Quand notre indépendance sera reconnue, nous instaurerons une démocratie pluraliste à l’occidentale. Laïque, bien entendu. Pas question d’instaurer la prétendue « loi islamique » chez nous.
Vous ne revendiquez que l’Azawad ?
Tout l’Azawad et seulement l’Azawad. Nous n’avons aucune revendication sur le Mali proprement dit, avec lequel nous voulons vivre en paix et en bonne harmonie. De même, nous respectons l’intégrité territoriale des Etats voisins. Nos frontières seront les anciennes maliennes.
Avez-vous des interlocuteurs à Bamako ?
Il y a deux milieux politiques très différents au Mali : les partisans du président déchu, Amadou Toumani Touré, et les militaires qui l’ont renversé. Les premiers étaient prêts à tout pour rester au pouvoir, y compris à se compromettre avec les islamistes et leurs protecteurs arabes. Les autres comprennent mieux la réalité sur le terrain et le contexte géopolitique. Nous pensons que nous pourrons établir un dialogue avec eux.
Qu’attendez-vous de la France et de l’Europe ?
De reconnaître notre droit à l’autodétermination, dans le cadre de la loi internationale. Et de réfléchir à leurs propres intérêts. Un Azawad libre sera un élément de stabilité dans la région saharienne et sahélienne. A un moment où celle-ci est plus nécessaire que jamais.
(Propos recueillis par Michel Gurfinkiel)
(c) Michel Gurfinkiel & Valeurs Actuelles, 2012