Michel Gurfinkiel

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Proche-Orient/ Les Palestiniens et l'argent sale

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La guerre nourrit la criminalité. Et la criminalité, la guerre.











La construction de nouvelles unités d’habitation israéliennes en Cisjordanie ou à Jérusalem-Est est-elle « le principal obstacle » au processus de paix israélo-palestinien ? Matt Rees ne le croit pas. Ce journaliste britannique, qui fut longtemps le chef du bureau du magazine Time à Jérusalem, écrit aujourd’hui des romans policiers à succès qui se déroulent dans les Territoires palestiniens. Selon lui, l’ « obstacle » majeur, ce serait « la guerre que se livrent les différentes factions palestiniennes ». Et celle-ci n’aurait pas tant pour mobile le pouvoir ou l’idéologie que l’argent.

 

Dans une interview accordée le 8 octobre dernier à l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, à l’occasion de la sortie de son dernier roman, Meurtre chez les Samaritains (Editions Denoël), Rees fait remonter cette situation à Yasser Arafat, qui fut pendant près de cinquante ans, de la fondation du Fatah en 1959 à son décès en 2005, le maître presque absolu du mouvement palestinien. Arafat détournait l’aide internationale – essentiellement américaine et européenne – vers des comptes secrets dont il détenait seul la signature. Ceux-ci seraient passés aujourd’hui sous le contrôle de Mahmoud Abbas, qui lui a succédé à la fois à la tête du Fatah et à celle de l’Autorité palestinienne. Rees parle d’un détournement de 300 millions d’euros, soit plus de 400 millions de dollars. En 2003, le représentant du FMI dans les Territoires palestiniens, Karim Nashashibi, Palestinien lui-même, avait indiqué un autre montant : 900 millions de dollars. Soit 600 millions d’euros actuels.

 

Pour s’assurer sa part de la manne, le Hamas, organisation islamiste soutenue par l’Iran, s’est emparé de Gaza. A la suite de la guerre de l’hiver dernier, une conférence internationale a affecté une aide de 5,2 milliards de dollars à la « reconstruction » de l’enclave. Une partie seulement de cette aide a été acheminée. Mais d’après Matt Rees, « rien n’est arrivé sur le terrain ».

 

Le détournement de l’aide internationale n’est pas la seule source de financement du Fatah et du Hamas. Les deux organisations réinvestissent les capitaux ainsi captés dans de multiples activités économiques, tantôt licites en soi (placements, prises de participation dans des sociétés), tantôt illicites (trafics divers et contrebande). Global Financial Integrity (GFI), une organisation américaine spécialisée dans la lutte contre l’argent sale et les paradis fiscaux, vient d’épingler l’axe Iran-Hezbollah-Hamas dans un article paru dans le dernier numéro de la New York Review of Books sous la double signature de son directeur, Raymond Baker, et de sa « conseillère spéciale »,  la magistrate et eurodéputée franco-norvégienne Eva Joly.

 

Selon ces deux auteurs, « les Gardiens de la Révolution islamique iranienne seraient impliqués dans des trafics de pétrole, d’armes, d’électronique et de biens de consommations, pour un chiffre d’affaires annuel d’un montant de 12 milliards de dollars ». Des « partisans du Hezbollah » seraient mêlés « à la contrebande de cigarette aux Etats-Unis et à la contrebande de diamants au Sierra Leone ». Quant au Hamas, « on pense qu’il est un acteur actif en matière de criminalité et de blanchiment d’argent en Amérique latine, dans le triangle situé au confins du Brésil, de l’Argentine et du Paraguay ».

 

Les flux annuels d’« argent sale » porteraient, selon la Banque mondiale, sur des sommes situées « entre 1000 et 1600 milliards de dollars ». Les capitaux ainsi générés et peu à peu « blanchis » représenteraient des montants beaucoup plus élevés. L’interaction entre cette forme de criminalité, le terrorisme et les régimes ou mouvements totalitaires constitue, d’après Baker et Joly, une « menace contre la sécurité internationale ».

 

La New York Review of Books est une revue marquée à gauche et globalement anti-israélienne. Eva Joly a été élue eurodéputée sur une liste écologiste peu favorable à l’Etat juif. Cela ne fait que donner plus de poids au réquisitoire.

 

 

© Michel Gurfinkiel, 2009

 

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