Michel Gurfinkiel

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Sondages/ L'image des Palestiniens s'effondre

Les Européens ne voient plus les Palestiniens comme des colonisés se battant pour leurs droits, mais comme les alliés des extrémistes qui menacent leurs propres sociétésL’image des Palestiniens se détériore rapidement dans les pays occidentaux. C’est ce qu’affirme Stan Greenberg, un des meilleurs spécialistes américains des sondages d’opinion (il fut le conseiller de Bill Clinton dans les années 1990). " J’ai été tellement surpris par l’ampleur de ce phénomène que j’ai fait refaire plusieurs enquêtes ", explique-t-il. " Mais mes équipes retombaient toujours sur les mêmes chiffres ". 

Le pays où l’érosion a été la plus forte : la France. En 2003, 60 % des Français déclaraient " avoir une opinion " sur le conflit israélo-palestinien. Et au sein de ce groupe, 80 % prenaient parti pour les Palestiniens. Aujourd’hui, ces chiffres sont pratiquement inversés : 60 % n’ont " pas d’opinion ", et parmi ceux qui en ont une, les pro-israéliens et propalestiniens sont à égalité, avec 50 % pour chaque camp.

La même tendance se retrouve dans tous les pays de l’Union européenne. Aux Etats-Unis, l’image d’Israël a toujours été plus positive que celle des Palestiniens ou des Arabes en général. Les derniers chiffres confirment ces engagements : 58 % des Américains déclarent soutenir Israël, 10 % les Palestiniens, et 33 % " ni les uns, ni les autres " (des réponses multiples sont possibles). Le premier ministre israélien actuel, Ehud Olmert, bénéficie d’une cote exceptionnelle : 78 % des Américains approuvent son plan de " séparation unilatérale " entre les deux peuples.

Comment expliquer le recul des Palestiniens dans les opinions publiques ? Greenberg, qui ne publiera l’ensemble de ses recherches que dans quelques semaines, avance plusieurs hypothèses. Tout d’abord, le contraste est aujourd’hui trop net entre le réalisme dont fait preuve Israël depuis l’évacuation  de Gaza, en 2005, et l’extrémisme palestinien, notamment depuis la victoire électorale du Hamas, début 2006.

Mais un autre facteur semble jouer un rôle plus important encore en Europe : " Jusqu’à ces derniers temps, les Européens analysaient le conflit israélo-palestinien comme le dernier acte de leur propre histoire coloniale. Aujourd’hui, la perspective a changé : les Européens ne voient plus les Palestiniens comme des colonisés se battant pour leurs droits, mais comme les alliés des extrémistes qui menacent leurs propres sociétés ". Ce sont les Israéliens qui apparaissent désormais comme des " résistants ".

Bien entendu, une partie des opinions occidentales reste propalestinienne. C’est le cas des communautés islamiques immigrées, notamment en France, en Belgique, dans les pays scandinaves et en Grande-Bretagne. Mais aussi de la gauche " dure ". Dans les pays anglo-saxons et scandinaves, les campagnes pour le boycott universitaire d’Israël se multiplient : le syndicat britannique de l’enseignement supérieur a voté une résolution allant dans ce sens ; son homologue canadien pourrait faire de même.

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