Michel Gurfinkiel

Michel Gurfinkiel

Michel Gurfinkiel

Diagnostic non-conformiste

Les vaincus : Le Pen et les socialistes. Les vainqueurs : Macron, Mélanchon, et la droite conservatrice.

 

Quelques remarques non-conformistes, à chaud, après ce premier tour de l’élection présidentielle :

 

1.     Les quatre candidats arrivés en tête se suivent de très près : 24 % pour Emmanuel Macron, 21,30 % pour Marine Le Pen, 20 % pour François Fillon, 19,58 % pour Jean-Luc Mélanchon. En d’autres termes, il s’en est fallu de peu que l’ordre du quarté ne soit modifié. Ce sont les micro-candidats, ou si l’on préfère les faux candidats, Nicolas Dupont-Aignan, François Asselineau, et autres trotzkystes, qui ont arbitré, en soustrayant quelques voix aux candidats dont ils étaient les plus proches. Avec la moitié seulement des voix de Dupont-Aignan et les 0,92 % d’Asselineau, Fillon dépassait Le Pen. Avec les 1,7 % des deux candidats trotzkystes, Mélanchon serait passé devant Le Pen et Fillon.

 

2.     Il convient de s’interroger sur le rôle des micro-candidats dans notre système politique, leurs motivations, les soutiens qu’ils peuvent recevoir, les stratégies occultes dont ils peuvent relever.

 

3.     Compte tenu des scandales qui l’ont affaibli, Fillon a fait un bon score. Ce qui signifie que l’électorat conservateur classique (LR-UDI) est froid, discipliné, et capable de « voter utile » (Comme disent les Anglo-Saxons : « Notre candidat est un salaud, mais c’est notre salaud »). La famille conservatrice (ceux qui, parmi les conservateurs, n’ont rejoint ni le Front national, ni Macron) survivra. Si elle a su se mobiliser pour Fillon, elle se mobilisera pour ses candidats locaux aux législatives.

 

4.     Le vrai vainqueur, c’est Mélanchon. Ou du moins, c’est lui qui a fait la meilleure performance, en passant de 11 % des voix en 2012 et 12 % voici un mois à près de 20 % aujourd’hui. Il détient désormais la « puissance tribunicienne » et peut s’imposer comme le fédérateur d’une gauche dure qui, quand on additionne les voix mélanchonistes, hamonistes et trotzkystes, réunit 28 % des Français.

 

5.     Marine Le Pen était créditée voici peu de 30 % des suffrages. Elle retombe à un peu plus de 20 %. C’est un échec. Il est du, à mon avis, à l’irruption du rival qu’elle n’attendait pas, Mélanchon, bien meilleur orateur, plus crédible en tant que « candidat du peuple », et capable des mêmes sous-entendus fascisants. Ce que Mélanchon a gagné en un mois (+8 %), c’est exactement ce qu’elle a perdu (-8 %). Il y a eu un chassé-croisé. Les stratégies de Florian Philippot tombent à l’eau.

 

6.     Même si Le Pen et Mélanchon sont en concurrence, ils représentent ensemble près de 43 % de l’électorat. Avec Asselineau et les trotzkystes, ils en représentent près de 46 %. La moitié de la France est « enragée ».

 

7.     Le score d’Hamon n’est pas insignifiant. La moitié des électeurs socialistes de 2012 sont allés vers Macron, et un quart vers Mélanchon.  Mais demain, ils voudront peut-être rentrer à la maison. Celle-ci aura été maintenue debout par le quart qui est resté fidèle à Hamon.

 

8.     Macron a joué toute sa fortune à la roulette, et il a gagné. S’il avait été dépassé par Le Pen, Fillon ou Mélanchon, ne fût-ce que d’une tête, il perdait tout : il était fini, oublié. Maintenant, face à Le Pen, il est assuré de l’emporter au second tour, et sans doute de faire élire sur son nom une majorité à l’Assemblée nationale. Mais le problème des joueurs, c’est qu’ils rejouent sans cesse, de plus en plus gros : jusqu’à ce qu’ils s’effondrent.

 

9.     François Hollande finissait son quinquennat dans la honte. Il n’a peut-être pas « fabriqué » Macron, mais il lui a mis le pied à l’étrier. A sa manière, il apparaît aujourd’hui comme un vainqueur, lui aussi.

 

© Michel Gurfinkiel, 2017 

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