Michel Gurfinkiel

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USA/ Romney, Gingrich, Paul…

Les primaires américaines : un système, arbitraire, incohérent – et efficace.

De janvier à novembre – le mois des élections aux Etats-Unis -, il y a loin. Mais en ces premiers jours de janvier 2012, le président sortant démocrate Barack Obama n’en mène pas large. 45 % seulement des Américains, d’après la moyenne des sondages, se déclarent satisfaits de son action : les mécontents se situent entre 46 et 53 %. Un cinquième seulement des Américains – 22 % – pensent que le  pays « va dans la bonne direction » : les deux tiers – 70 % – sont de l’avis opposé. Presque toutes les enquêtes donnent Obama perdant face à un  candidat républicain. Et ce rejet pourrait s’étendre aux législatives, où les républicains auraient actuellement l’avantage dans une majorité de circonscriptions.

 

A première vue, ces chiffres sont d’autant plus accablants pour le président sortant que son challenger n’est pas encore désigné, et qu’aucun « candidat à la candidature » républicain ne semble susciter mouvement de fond dans l’opinion. Mais on ne peut exclure, à l’inverse, que la mise en place d’un adversaire, quel qu’il soit, n’aide les démocrates à remobiliser leur camp.

 

Six hommes et une femme briguent l’investiture républicaine. Pour les départager, les « préélections » ou primaires. Chaque Etat peut organiser ce scrutin à sa guise. La plupart se bornent à « enregistrer » les citoyens qui se réclament des deux grands partis.

 

Dans certains Etats, c'est l'ensemble des électeurs qui est appelé à se prononcer pour les deux partis à la fois : une méthode qui, transposée en France, permettrait par exemple aux sympathisants socialistes ou Front national d'arbitrer entre les candidats de l’UMP. Quelques Etats sont restés fidèles à un système remontant au XVIIIe siècle : le caucus.  Les électeurs de chaque parti se rassemblent dans les mairies, les églises, voire même au domicile de riches particuliers. On compte les têtes. On additionne les résultats des diverses réunions. Enfin, dans une quinzaine d'Etats, sur un total de cinquante, il n'y a ni primaires, ni caucus. Ce sont les comités locaux des partis qui se prononcent. Seul point commun à ces divers processus : le vainqueur empoche tout (« The winner takes all »), et obtient le soutien de tous les délégués de son Etat à la convention nationale qui élit le candidat de novembre.

 

Ce système, pour arbitraire et incohérent qu’il soit, fonctionne assez bien : la publicité qui entoure chaque épreuve, les débats et les sondages que suscitent chaque duel, permettent à l’ensemble de l’opinion américaine de se tourner, par approches successives, vers les deux candidats les plus représentatifs de l’Amérique réelle.

 

Les primaires républicaines ne font que commencer. Il y a eu le caucus de l’Iowa, le 3 janvier, puis les primaires du New Hampshire, le 10. Le rythme va s’accélérer à partir des primaires de Caroline du Sud, le 21, et surtout de Floride, le 31. Un seuil décisif : le « Super Mardi » (6 mars), où l’on votera dans dix Etats à la fois : Alaska, Dakota du Nord, Géorgie, Idaho, Massachusetts, Ohio, Oklahoma, Tennessee, Vermont et Virginie. Au fur et à mesure que les résultats seront connus, le financement se concentrera sur les gagnants, ce qui entrainera des retraits plus ou moins rapides. Ultime épreuve, qui peut départager un scrutin serré : la Californie, où l’on ne vote que le 5 juin.

 

D’ores et déjà, les grandes lignes de la campagne républicaine de 2012 sont apparues. Le candidat le plus « centriste », Mitt Romney (65 ans), ancien gouverneur du Massachusetts, est en tête. Mais avec 20 à 25 % des suffrages seulement. Le « libertarien » Ron Paul le talonne : mais son âge (77 ans) et son dogmatisme ne devraient pas lui permettre de s’imposer réellement. Les cinq autres candidats se réclament d’un conservatisme reaganien. Ils totalisent plus de 50 % des voix ; mais chacun d’entre eux stagne, en moyenne, à 10 %. Newt Gingrich, qui fut le président de la Chambre des Représentants dans les années 1990, est politiquement crédible ; mais à 68 ans, il a moins de charisme que Rick Santorum, ancien sénateur de Pennsylvanie (54 ans) et Jon Huntsman, ancien gouverneur de l’Utah (52 ans). Une « surprise », une percée qui mettrait l’un des reaganiens devant Romney, peut se produire. Santorum y est presque parvenu en Iowa.

 

Une telle percée peut avoir des conséquences importantes pour Israël. Si Ron Paul est hostile à l’Etat juif, les six autres candidats font au contraire de l’alliance israélo-américaine une priorité. Mais Romney semble là aussi plus « modéré », sinon plus hésitant, que ses concurrents reaganiens.

 

(c) Michel Gurfinkiel, 2012

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